AUX NOUVELLES
Notes et commentaires
Il n’y a que quelques semaines,
nous avons vu le Glencoe doré partant du port et le regardant bien – se
rappelant de ses lignes avec nostalgie. Maintenant, nous apprenons qu’il
termine son service côtier après environ 55 ans de fidélité, avec un
seul destin vraisemblable : le tas de ferraille. Ça semble être un dur
sort pour un bon navire. Oui, quand nous repensons aux années pendant
lesquelles le Glencoe était souvent notre « chez nous ». Peut-être que
ce n’était pas le navire du tout mais, plutôt les hommes qui le
naviguaient mais, nous ne voulons pas déprécier le Glencoe. Loin de là.
Nous le connaissons au pouce près et il fut notre maison assez longtemps
pour former un vrai attachement. Mais, nous avons des souvenirs encore
plus affectueux envers les officiers qui l’ont rendu un navire des plus
sociables.
Le capitaine Arch Blandford en
était son maître quand nous y avons embarqué la première fois. Son
officier était son fils, Max, depuis longtemps déjà, capitaine lui-même.
Le capitaine Arch était un bel homme avec un extérieur féroce qui
cachait un cœur d’or. Nous avons appris à très bien le connaître lors de
ce premier voyage parce que c’était le voyage le plus lent que nous
n’avions jamais fait. C’était au printemps de 1923.
Nous avions attendu pour remonter
la côte sud mais, cette année-là, la glace était apparue pour la
première fois en environ trente-cinq ans. La côte était fermée.
Placentia Bay était bloquée. Le Glencoe avait été pris pendant des
semaines à Argentia. Puis un jour, autour de midi, un appel est entré de
la part de Herb Russell de la Railway Company : « si vous voulez partir
sur le Glencoe, » il a dit, « vous allez devoir être sur l’express à
treize heures. » Nous avons couru à la maison, fait nos valises, mangé
rapidement et nous étions sur l’express à treize heures. À Argentia, le
Glencoe était prêt à partir. Nous nous sommes avancés dans la baie et
avons fait un petit détour pour déposer les ravitaillements nécessaires
aux gens de Red Island. Ils avaient été à cours de tabac pendant des
semaines et nous avons distribué la majorité de nos réserves de
cigarettes aux jeunes hommes qui sont montés à bord. Puis, nous sommes
partis pour Marystown et y sommes arrivés plus d’une semaine plus tard.
Il y avait deux autres passagers;
seulement que nous trois avec le capitaine et l’équipage. Nous jouions
aux quarante-cinq deux fois par jour avec le capitaine, après le repas
du dîner et du souper – quatre heures de quarante-cinq par jour. Nous
descendions à la cantine le soir où Jim Pike, l’ingénieur en chef qui
est plus tard décédé dans la salle des machines du Caribou au cours de
son dernier voyage, arrêtait de beurrer son pain de temps à autres pour
écarter une coquerelle qui se promenait sur un tuyau tout près. Nous
jouions au cribbage. Nous écoutions des histoires de la mer. Nous
oublions que nous étions pris dans Placentia Bay. À chaque jour, pour
soulager la monotonie, le capitaine Archie [sic] démarrerait les moteurs
et pousserait un peu la glace jusqu’à en empiler jusqu’à la hauteur du
bastingage. Le navire avançait d’un pied ou deux, pas plus. Et alors,
est arrivé un vent du nord ouest qui a poussé la glace hors de la baie
et notre navire soumis avec. Ce n’est pas avant d’apercevoir Burin que
la glace s’est ouverte et qu’elle nous laisse passer et, quel spectacle
que le Glencoe à du être à voir. Avec de l’eau qui se versait des plus
petits trous de sa proue, il s’est amarré au quai.
Ce voyage fut le début d’une
connaissance intime. Plus tard, lors d’une matinée ensoleillée de mai,
nous avons navigué sur le Glencoe dans le passage étroit au-delà de Zois
[sic] Island jusqu’à St. Alban dans la Baie d’Espoir, un joli voyage sur
un magnifique navire. À partir du pont du Glencoe, nous avons jeté nos
premiers coups d’œil aux anses et aux ports célèbres de la côte sud.
Rencontre West, Harbour Brenton, Gaultois, Hermitage, Cape la Hune,
Francois, Burgeo, Ramea et Rose Blance. Nous nous accrochions aux
bastingages alors que le navire se lançait brusquement d’un bord à
l’autre dans la mer bouillonnante tout comme nous en enjambions le
bastingage quand il naviguait, tout calmement à travers une mer bien
tranquille. Nous avons été à bord quand il n’y avait que deux autres
passagers avec nous. Nous avons également été là quand il y avait 150
passagers de plus qu’il ne pouvait techniquement loger [sic] et dans ce
cas, nous étions heureux de passer de nos couchettes d’une cabine pour
quatre mal aérée à un canapé qui se trouvait dans la petite cabine de
l’ingénieur en chef.
Les officiers du Glencoe étaient
des bonhommes magnifiques [sic] et les gens qui y voyageaient dans le
temps étaient de la bonne compagnie. Ils avaient une telle vitalité qui
a su doter le navire d’une telle personnalité et ils ont créé une grande
réserve de souvenirs qui passent de sardines et de toasts dans la
cantine aux merveilleuses histoires terre-neuviennes contées en se
passant une bouteille de fort en provenance de St Pierre dans la cabine
d’un tel. Ils comprennent les coquerelles insistantes, le chien du
capitaine, les efforts du cuisinier à modifier la diète monotone durant
les longues dérives dans Placentia Bay et une multitude de homards
grillés à Fortune Bay. Il était l’un des quelques bons navires duquel
nous nous rappelons les expériences de voyage plaisantes au début des
années 1920, le bon vieux Portia, le Home et le Argyle sont parmi
ceux-là. Mais, nous nous souvenons mieux du Glencoe tout comme les
autres qui auront fait les voyages le long de la côte sud dans ce bon
vieux temps. Ceux qui sont encore autour sentiront un véritable regret
quand il arrivera à la toute fin de ses années de service.
The Daily News
Le 31 janvier 1956 |