Le paquebot conçu par le
gouvernement n'est pas en état de naviguer
Clayton Hull de Pilley’s Island
dans la baie Notre Dame s’inquiète de l’état de la construction navale
dans la province. Ce qui suit est la déclaration de ce qu’il pense. En
plus, il est en train de concevoir des plans pour le type de bateau
qu’il aimerait bâtir pour la pêche littorale. Son échelle d’un demi
pouce de ses plans se traduira en un navire de 65 pieds, avec une poutre
de 20 pieds et un tirant d’eau de 10 pieds. Il est aussi en train de
construire plusieurs maquettes de bateaux.
Depuis longtemps j’entends des
pêcheurs, à la radio et à la télévision et, lors de conversations
personnelles, discuter le type de bateau qu’ils aimeraient avoir. À
cause des restrictions gouvernementales, ils n’ont pas le droit de
construire les types de bateaux qu’ils veulent. Avec tout le
savoir-faire qu’ils ont apparemment, le gouvernement n’a toujours pas pu
concevoir un bateau vraiment en état de naviguer.
C’est correct d’essayer de
concevoir un bateau qui peut être adapté à tout genre de pêche, pourvu
que ça ne lui coûte pas sa navigabilité dans le procès. S’il ne se
manipule pas bien dans la grosse mer, il ne vaut pas « une queue de
morue. » Le paquebot du gouvernement est bien construit, avec le type de
matériau et de fixations qui devraient être dans tous les navires mais,
seuls les matériaux et les fixations ne font pas un bon bateau.
Mon père était un pêcheur et un
constructeur naval. Il a bâti tous genres de bateaux - d’un bateau à
rames de 15 pieds à une goélette de 317 tonnes - et, il a navigué sur
plusieurs d’entre eux. Il m’a appris le métier et pour cette raison, je
sais quelques choses à propos de l’art technique de production d’un bon
bateau en état de naviguer.
Les bateaux conçus par le
gouvernement sont tous des tubes au fond rond. Ils roulent comme des
barils dans la grosse mer, ils n’ont pas de sabots profonds ou creux en
arrière ce qui les rend aussi difficile à contrôler dans la grosse mer
que l’est un cheval ruant. Leurs cales à prises sont situées trop loin
en arrière ce qui met trop de poids sur l’arrière lorsqu’elles sont
chargées et, ceci détériore par beaucoup leur état de navigation.
Ajoutez à cela plusieurs filets de pêche et d’autre équipement de pêche
en arrière et, vous avez un navire qui est impossible à manipuler dans
une grosse mer.
C’est un mystère qu’il n’y en ait
pas davantage qui s’échouent. Ceux qui se sont échoués n’ont pas été
perdus par manque d’habileté à naviguer ou par mauvais matelotage mais
plutôt parce qu’une fois qu’ils avaient rencontré du mauvais temps, ils
n’ont pas pu amarrer dans un port sécuritaire.
Il n’y a personne au monde qui
peut dire à un pêcheur terre-neuvien comment bien concevoir et
construire un bon bateau de pêche. Il a passé sa vie entière sur
l’océan, il connaît les humeurs changeantes et les températures des
vents et les vagues et comment elles affectent toutes un navire. Il l’a
appris d’une façon bien difficile sous un maître sévère et impitoyable
et il est le seul qui soit qualifié pour concevoir un bateau qui
conviendra à ces humeurs.
L’employé gouvernemental assis à
son bureau est peut-être expert dans les stylos à billes ou les dactylos
mais, il ne peut pas construire un bon bateau pour tous les genres de
météo. Même l’architecte naval, avec toute sa technologie architecturale
navale, n’est pas qualifié dans ce domaine comme le sont nos pêcheurs
parce que ces pêcheurs apprennent ces qualités depuis leur enfance, ou
du moins depuis le début de leur adolescence. Il en a appris beaucoup
« sur le tas » qui ne s’apprend pas à l’école ou au collège.
Pendant des centaines d’années des
terre-neuviens ont conçu et construit leurs propres bateaux et avec
ceux-ci, ont navigué presque chaque océan de la planète. Nous avons des
centaines de pêcheurs dans cette province qui peuvent faire pareil
aujourd’hui.
Les terre-neuviens ont été
acclamés dans les deux guerres mondiales comme étant les meilleurs au
monde à manipuler de petits bateaux et, ils sont tous aussi bons à les
construire qu’à les manipuler.
Je ne dis pas que le gouvernement
ne doit pas avoir son dire à propos de comment nos navires sont
construits. Je suis d’accord qu’il devrait y avoir un nombre
d’inspecteurs navals qui vérifieraient périodiquement tous les bateaux
en cours de construction pour s’assurer que les plans soient suivis
comme prévus. Mais, les lignes et les profils des navires devraient être
laissés à la discrétion des pêcheurs puisqu’ils sont les seuls à savoir
comment ils les veulent. La technologie architecturale navale utilisée
dans le navire-amiral de l’amiral
Lord Nelson, le Victory, a créé un bateau de qualités bien supérieures à
celles qu’on retrouve dans les paquebots modernes d’aujourd’hui.
Donc, je recommanderais que le
gouvernement ait des restrictions sur la construction et la solidité des
bateaux mais, qu’il laisse les pêcheurs concevoir leurs propres bateaux
en ce qui concerne les lignes et leur profile.
Donald McKay, le plus célèbre des
constructeurs de bateaux Clippers, a construit certains des plus
célèbres bateaux Clippers vus à jour sur l’eau de tout océan. Deux de
ceux-là furent le Sovereign of the Sea et le Flying Cloud
et, quand il voulait changer leur forme ou les améliorer, il faisait des
voyages à bord d’eux pour voir leurs mouvements à travers l’eau et voir
comment ils bougeaient dans une grosse mer ainsi que d’autres de leurs
caractéristiques. En revenant d’un voyage à bord du Sovereign of the
Sea, on lui demanda ce qu’il en pensait. Il répondit : « C’est un
bon navire mais, je sais que je peux en construire un meilleur, » et, il
a éventuellement fait exactement cela.
Note de l’éditeur : Le
Fisheries College, en collaboration avec Main D’œuvre Canadienne
permet aux pêcheurs de concevoir leurs propres navires. Pour de plus
amples informations, s’il vous plaît contacter le Fisheries College
à St John’s.
Decks Awash
Volume 7, No. 2, avril 1978
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